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L’armoire de Babeth 3
Ce billet a été écrit le Mardi 8 mai 2007 par Frédérique qui l'a rangé dans : On écrit.
La deuxième fois que Babeth se releva
Lorsque Babeth se réveilla la deuxième fois, elle cria aussitôt : « Bougre de farigoule et corne de biquette ! Qu’est-ce que c’est que cette armoire d’apothicaire ? Allons-y !» Levée d’un bond, Babeth déboule devant l’armoire. Le chat suédois ouvre un oeil : « Tiens, je te vois.
- Bouge-toi le chat qui n’en démord pas, j’ai besoin de toi. Et n’essaie pas de me crustacer les épinards ! »
Le chat interloqué reste coi, et suit la scène d’un regard narquois. Babeth se précipite, confuse et brouillonne, vers les tiroirs. Elle commence à en ouvrir un, se ravise et en ouvre un deuxième…pour finalement en choisir un troisième (le rouge en bas à droite). Le tiroir ouvert, Babeth plonge sa main à l’intérieur et …
« Tssss ! fait le chat suédois.
- Quoi ? Quoi ? fait Babeth
- Et l’air d’opéra ? Tu oublies l’air d’opéra.
- Alors là, je fais vraiment n’importe quoi ! Restons-en là pour cette fois. Je ne le sens vraiment pas.
- Pauvre Babeth, toute perdue, qui perd son sang-froid, dit le chat.
- Je suis en colère, chat d’apothicaire, je ne perds pas du tout mon sang-froid. Quant à toi, déclare-t-elle soudain en changeant de ton, tu sais bien que tu restes mon chat austro-hongrois préféré.
- Dis-tu vrai Babeth ? N’essaies-tu pas de m’entourlouper ?
- Ben non, mon chat à moi. »
Le chat suédois exécute un triple salto arrière (ce qui est très surprenant pour un chat de sa taille) et vient d’un pas nonchalant se frotter contre les jambes de Babeth.
« Essaie le tiroir du haut peut-être. » lui ronronne-t-il à l’oreille. Babeth s’arrête alors de gesticuler et de brailler et regarde l’armoire avec l’oeil d’un général qui se prépare au combat. L’armoire est vraiment très bizarre, aucun de ses angles n’est droit et les tiroirs sont tous d’une taille, d’une forme et d’une couleur différentes. Il doit y avoir une vingtaine de tiroirs en tout sans compter les grandes portes, dans lesquelles Babeth range son linge. Que vient de lui dire le chat suédois ? Ah oui, le tiroir du haut. Babeth lève les yeux et aperçoit une petite poignée ronde, elle la détaille longuement et finit par distinguer la forme du tiroir. Il est très fin et prend la totalité de la largeur de l’armoire. « Sacrebleu ! Un tiroir à cartes au trésor ! se dit-elle. Mais comment je vais monter là-haut ? »
« Chat adoré, chat estival, chat du quartier latin, je te le rends dans un moment ! » dit-elle au chat en lui piquant son fauteuil. Babeth se juche et exulte. « A moi l’élixir, à moi les plaisirs, à moi les délires ! » Et non sans avoir au préalable sifflé un air de La Tosca, elle tire sur la petite poignée. A l’instant où le tiroir s’ouvre, Babeth sent un léger tremblement lui parcourir le corps. Elle continue son geste et le tremblement s’accentue. Babeth est parcourue de spasmes des pieds à la tête. Sa tête oscille de droite à gauche et de gauche à droite comme un pantin. « Accroche-toi ma Babeth, tu vas faire de sacrées pirouettes » lui souffle le chat avant qu’elle ne s’effondre finalement sur le sol de la petite pièce, inerte.
Le chat regarde Babeth puis il prend le fauteuil dans ses pattes, le range exactement dans sa position initiale et se rassoit. Il ouvre un livre de Marcel Proust et s’allume une pipe.
« On dit qu’un prompt départ vous éloigne de nous… » murmure-t-il en tirant sur sa pipe…
Aurais-tu écrit le petit bout de récit ci-dessous après un certain débat ?
“Pauvre Babeth, toute perdue, qui perd son sang-froid, dit le chat. - Je suis en colère, chat d’apothicaire, je ne perds pas du tout mon sang-froid. Quant à toi, déclare-t-elle soudain en changeant de ton, tu sais bien que tu restes mon chat austro-hongrois préféré.”
La question se lit maintenant sur toutes les lèvres : Qu’arrive-t-il au chat dans l’épisode suivant ?
J’avoue avoir été inspirée par l’actualité, mais prenez garde à ne pas juger le chat là-desus, Babeth est la seule responsable de ses paroles !