Armorique et bouts d’ficelle

31 ans, professeur des écoles itou . Je lis pas mal, je regarde les fleurs pousser et j'affronte les tempêtes bretonnes en mettant un pied devant l'autre.

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Scoop

Ce billet a été écrit le Mercredi 5 décembre 2007 par Frédérique qui l'a rangé dans : On écrit.

Nous venons de découvrir dans le grenier de Monsieur Quéméneur, notre voisin décédé au printemps dernier, un vieil almanach rempli de proverbes et dictons un peu curieux. Le vieil homme ayant des problèmes de surdité depuis bon nombres d’années, nous tenons ces créations originales pour des caprices de son imagination.

Au vu de l’importance de cette découverte et de la qualité littéraire qui s’en dégage, je vous invite à poursuivre son oeuvre en choisissant un proverbe et en bâtissant en son souvenir une histoire ou un conte qui en expliquerait l’origine. Merci pour lui.

Voici les proverbes, copiés dans leur intégralité :

“Qui sème le vent sait se faire désirer” par Françoise

Très cher Monsieur Quémeneur,

Là où vous êtes, pouvez-vous imaginer une seconde que quelques blogueurs, mais non je n’ai pas dit blagueurs, Monsieur Quéméneur, blogueurs, j’ai dit blogueurs, vont se creuser les méninges pour donner foi à vos dictons et leur chercher une origine, une histoire, pour tout dire, une Vérité !

J’ai bien aimé votre “qui sème le vent sait se faire désirer” parce que le vent, Monsieur Quéméneur, vous et nous, on connaît ça, là-haut, sur la côte nord, n’est-ce pas ? Mais savez-vous comment ce merveilleux et si pertinent dicton a pu arriver jusqu’à nous ? Je vous le donne en mille : par la voie des airs bien sûr !

Un beau jour, ou peut-être une nuit, près d’un lac … une jeune fille s’était endormie, quand soudain semblant crever le ciel et venant de nulle part surgit … un papier noir qui se posa près d’elle en émettant un bruissement qui la réveilla. Quand elle voulut le ramasser elle s’aperçut que c’était un sac de plastique noir, comme ceux qu’on utilise partout en Afrique pour le plus grand malheur des animaux qui s’intoxiquent en les avalant. Furieuse d’avoir été tirée de son sommeil pour rien, elle décida aussitôt de partir en guerre contre les sacs de plastique noir.

Vaccinations, visa, bagages, recommandations, messages et adieux, elle atterrit peu de temps après dans une capitale bruyante et polluée, au sol rouge et au soleil écrasant, où, horreur absolue, l’harmattan faisait virevolter des milliers de sacs de plastique noir.
Car brinquebalant, toussant, crachant, fumant, route bombée, encombrée, poussiéreuse, quelques 7 à 8 heures plus tard, elle arriva à destination. Même spectacle désolant des sacs de plastique jonchant le sol, s’accrochant aux fils de fer, aux clôtures, partout éparpillés là où le vent les avaient emportés. Ils avaient dû répondre à l’injonction bien connue “va où le vent te mène”.

Et Dieu dans tout ça me direz-vous, Monsieur Quéméneur ? Patience, patience. On y arrive ! Qui sème le vent à votre avis Monsieur Quéméneur, si ce n’est Dieu ? Ou Eole, Zéphir, Tramontane ou Galerne, comme vous voudrez, c’est du pareil au même !
Parce que devant une désolation telle que les bras vous en tombent, que les yeux vous en piquent et que le cœur vous en soulève, que faire, sinon invoquer les forces célestes ? C’est ce que notre héroïne s’empressa donc de faire, les yeux vers l’immensité bleue et invoquant les puissances aériennes :
“Hola, hola, vous qui semez le vent, arrangez-vous pour nous débarrasser de toutes ces ordures de plastique noir indestructibles jusqu’à la millième génération. Tenez le vous pour dit, vous avez semé le vent, maintenant vous vous faites désirer mais ça ne saurait durer ! Mais elle eut beau crier, tempêter, s’invectiver, rien n’y fit. Les sacs continuaient leur sarabande macabre en se moquant bien de toutes ces gesticulations.

Lasse, dépitée et confuse, elle jura qu’on ne l’y prendrait plus (tiens ça me rappelle quelque chose ?). Elle rentra au pays. Mais le dicton lui occupait l’esprit, l’empêchait de trouver le sommeil. Quand un jour, ou était-ce une nuit ? Elle relut votre carnet, Monsieur Quéméneur, mais à haute voix, cette fois :

QUI S’AIME LEVANT, CESSE FAIRE DES ??? ZIREES ? VIREES ? CIREES ?

Elle hésitait, le papier avait jauni, l’encre s’était un peu effacée.
Elle douta, et si tout ça n’était qu’une éNORme farce ?

“Un chat marche bien sur les mains” par Frédérique

Ce soir, mes amis, je vais vous conter l’histoire inénarable mais néanmoins racontée du plus grand animal, du plus fin, du plus racé, du plus aimé qu’il me fut donné de rencontrer. Je vais vous raconter l’histoire du chat qui marchait sur les mains. Je dis bien DU chat car il n’y en eut pas deux ni trois mais bien un seul chat, qui, comme je vous l’ai dit tout à l’heure, marchait sur les mains. Vous me direz, et vous n’aurez pas tort, qu’un chat ne possède pas de mains comme les êtres humains mais qu’il est doté, comme sa nature animale le requiert, de deux paires de pattes, celles de derrière et celles de devant. Que cela ne nuise pas à la clarté de mon récit car lorsque j’aurai fini mon histoire, vous serez vous aussi convaincus que ce chat exceptionnel marchait bien sur les mains.

 

Ici donc commence l’histoire.

Au royaume du Gadujkan vivait une famille de musiciens tous dotés de dons hérités de leurs ancêtres depuis des générations. Les Rtufoubis méritaient sans conteste le titre royal de Famille d’Exception mais ils ne le possédaient pas à cause d’une histoire ancienne de jalousie entre un aïeul trompettiste et le roi de l’époque qui lui-même tatait de l’instrument à ses heures perdues. Ainsi donc cette famille vivait maintenant dans la reconnaissance de tous mais sans pouvoir cependant espérer jouer un jour devant le roi, honneur accordé seulement, vous l’avez deviné sans doute, aux familles porteuses du titre honorifique de Famille d’Exception. Donc, la famille Rtufoubis était reconnue mais pauvre, vous l’aurez compris.

Mais que vient faire le chat dans cette histoire? vous demandez-vous. J’y arrive et votre impatience n’aura d’égal que l’extraordinarité de mon récit.

Un jour (ah, enfin, cela commence ! entends-je), un jour que l’aîné des enfants Rtufoubis (car ils étaient sept, trois frères et quatre soeurs) jouait de la harpe pour une association de préservation de l’identité, ce dernier se trouva fort dépourvu lorsqu’en plein concert, sa harpe devint muette. Plus aucun son ne sortait de l’instrument. Le public attendit, muet lui aussi comme si ce silence soudain était une mise en scène qui servirait à mieux mettre en valeur la suite de l’oeuvre. Cependant rien ne se passait et cela commençait à mettre tout le monde mal à l’aise. La pauvre harpe avait une extinction de cordes.

C’est alors que surgit d’on ne sait où un chat. Ce chat n’avait à première vue rien de particulier, pas de pelage soyeux, pas d’allure aristocratique. Ce n’était ni un chat siamois, ni un chat persan, ni un chat angora. C’était un chat tout bête comme il y en a plein, un vulgaire chat de gouttière. Ce chat, qui n’inspirait aucun respect, fit alors un geste qui surprit tout le monde : il se mit à marcher sur les mains. Ne croyez pas qu’il faisait cela à la manière d’un chat de cirque, quelques pas hésitants, un peu laborieux, obtenus après des jours et des jours d’entraînement. Non, ce chat marchait sur les mains comme vous marchez sur les pieds. L’assistance était ébahie. Mais l’affaire ne s’arrêta pas là. Le plus fort est à venir. Ecoutez-bien. Lorsque le chat eut traversé l’espace où se produisait le jeune homme, il s’approcha de ce dernier, ou plutôt de sa harpe. Il se frotta alors (imaginez la scène !) contre les cordes de la harpe et miracle (les larmes me montent aux yeux), la corde, je vous laisse deviner, se mit à gémir et le morceau de musique reprit.

 

Cet événement fut raconté et répété à travers tout le royaume et la renommée de la famille Rtufoubis n’en fut que renforcée. D’autant plus que le chat leur fut désormais fidèle et continua à les accompagner dans leurs spectacles. L’épisode parvint aux oreilles du roi qui, malgré les mésententes passées, fut obligé de nommer la famille Rtufoubis Famille d’Exception.

 

Cette histoire dépassa les frontières du Royaume et fut connue et répétée à travers de multiples contrées. Elle fut racontée pendant des générations et des générations, si bien qu’aujourd’hui il n’en reste qu’un proverbe que l’on dit pour se moquer de quelqu’un qui veut faire quelque chose d’inacoutumé : « Un chat marche bien sur les mains. » Oui, UN chat a marché sur les mains. Mais il existe bien d’autres choses extraordinaires qu’il reste à accomplir.

 

” Pierre qui roule apprend à faire des grimaces” par Françoise

Monsieur Quéméneur, vous pensez bien que je suis allée y voir ! J’ai expérimenté, comme on dit aujourd’hui, et je peux donc à présent vous fournir la procédure de l’opération.
Prenez une pierre, ni trop petite, ni trop grosse, qui puisse tenir dans les deux mains rapprochées par exemple.
Cherchez un endroit, le bon, pas trop fréquenté, pour la tranquillité de l’expérience et qui permette de se soustraire aux moqueries éventuelles si jamais la chose n’était pas concluante.
Il faut un chemin en pente suffisamment long et droit : vous vous y placerez tout en haut. Un sentier peut faire l’affaire et réservera plus de chances de réussite qu’une vulgaire route bitumée.
Recueillez vous un instant en tenant la pierre avec attention, voire affection, au creux de vos mains réunies, prenez un élan et …normalement, arrivé à ce stade, vous devez lancer et la pierre roule jusqu’en bas de la pente !
Mais pour qui, pourquoi, ça ne marche pas ainsi : vous moulinez un tour de bras, deux tours et la pierre, cette traîtresse, que vous avez caressée, considérée en quelque sorte comme une amie, ne veut pas lâcher vos si mains si chaudes et accueillantes. Alors vous refaites un tour et … ahan, tour de rein, blocage, lumbago ou claquage musculaire, la pierre est bien partie mais vous, vous êtes sur le carreau, enfin, en haut de la pente où personne n’est là pour vous aider ni constater la transformation de votre visage et les rictus de douleur qui s’y impriment. C’est depuis ce jour que j’ai compris que “pierre qui roule apprend à faire des grimaces”.

Bien à vous Monsieur Quéméneur. J’espère que vos rhumatismes ne vous font plus souffrir là où vous êtes.

“Pour marcher, il suffit de récolter la tempête” par Michaël

SCENE 1

Un homme est assis, jambes tendues au centre de la scène. Il regarde devant lui fixement. Il porte un costume gris visiblement trop grand pour lui. A côté de lui, une épuisette.

Elle – Que fais-tu ? (un temps long)

Lui – J’attends. (un temps)

Elle – Tu attends quoi ? (un temps interminable)

Lui (déterminé) Le temps.

Elle – Tu attends le temps ?

Lui – Oui. (un temps)

Elle (moqueuse) Tu risques de l’attendre longtemps.

Lui – Pourquoi ?

Elle – Parce qu’il ne fait que passer. Il ne s’arrête jamais.

(Il fronce les sourcils et jette un regard agacé sur elle.)

Lui – Pas grave.

Elle (soudain énervée) Comment ça « pas grave » ? C’est même mortel, et tu dis que ce n’est pas grave !

Lui – Non, ce n’est pas grave. J’attends juste qu’il change.

Elle – Qu’il change ?

Lui (exalté) Oui, que le soleil que tu vois là haut se voile, qu’un souffle léger se lève, s’étoffe, grossisse, se fasse bise et coup de vent. Que le coup de vent emporte tout sur son passage, qu’il se fasse tempête !

Elle – Oh ! là ! Tout doux mon ami. Que nous vaut cette ardeur soudaine ?

Lui – Mais tu ne vois donc pas ?

Elle – Que devrais-je voir ?

Lui – Mes jambes.

Elle – Quoi ? Tes jambes ?

Lui – Elles ne bougent pas.

(NOIR)

 

SCENE 2

 

Le même homme, la même position. Il est seul.

Lui – De toute façon, c’est toujours pareil. Elle ne comprend jamais rien. (Un temps) Si seulement je pouvais me lever, me dresser et partir… Mais non, rien n’y fait. Je suis là, cloué sur place, et j’attends. (Il regarde autour de lui) Et ce vent qui ne vient pas. J’ai comme l’impression que je suis condamné à rester là. Mais jusqu’à quand… ? (Il s’empare de l’épuisette) Trois mois ! Il m’a fallu trois mois pour la construire. J’ai dû détricoter mon chandail, séparer les fils de laine et tisser le filet. Et puis il a fallu assembler les 14 597 allumettes pour fabriquer le manche. (Les larmes lui montent aux yeux) Trois mois… trois mois d’une vie morne partis en fumée. Tout cela est vain. Je ne partirai donc jamais de ce trou maudit. (Il pleure, se ressaisit, puis se laisse envahir par la colère. Il jette l’épuisette.)

(NOIR)

SCENE 3

Elle l’a rejoint. Ils sont assis côte à côte. Elle tient l’épuisette dans ses mains.

Elle – Allons, il faut te ressaisir. Tu dois être fort. Toujours. Tu ne vas tout de même pas renoncer si près du but ! (Elle le prend dans ses bras) Nous allons nous battre ensemble. Il faut croire à tes rêves. Un jour, tu marcheras. Tu marcheras et nous partirons. Nous n’avons fait que nous fuir. Il est temps de fuir ensemble, tu ne crois pas ? (Un temps) Mais non, justement, tu ne crois pas. Tu ne crois plus. Peut-être même n’as-tu jamais cru. Ni en toi, ni en moi, ni en Dieu, ni en personne. Tu veux que je te dise : tu es seul. Et tu finiras vraiment seul si tu ne changes pas. (Elle se cache dans ses mains) Je suis fatiguée, Kémi. Vraiment fatiguée. Epuisée même. (Il sourit) Et en plus tu te moques de moi ? Je suis épuisée et ça te fait rire ?

Lui (pouffant) Non, c’est stupide, mais quand je t’ai vue là, épuisée et une épuisette dans les mains, j’ai trouvé ça drôle.

(Ils se regardent longuement et éclatent de rire)

(NOIR)

SCENE4

Il est toujours là, immobile. Elle est en fond de scène et termine d’étendre du linge.

Lui – Clara.

Elle – Oui ?

Lui – Tu n’as pas l’impression qu’on nous observe ?

Elle – Un peu.

Lui – C’est étrange, non ? Je ne vois personne.

Elle – Moi non plus. Simples hallucinations, sans doute

Lui – Tu as sûrement raison… (un temps) Il n’empêche, j’ai vraiment l’impression qu’on nous observe, qu’on nous espionne. Va chercher la lampe.

Elle – Si cela peut t’apaiser…

(Elle sort et revient une lampe torche dans les mains. Elle traverse la scène, s’avance et pointe le faisceau en direction de la salle. Elle sursaute et pousse un cri.)

Lui – Clara !

Elle –

Lui – Clara ! Qu’y a-t-il ?

Elle –

Lui – Réponds-moi, bon sang ? Qu’y a-t-il ?

Elle – Ils sont là !

Lui – Qui ?

Elle – Je ne sais pas, mais Ils sont là. Ils nous regardent. (Elle se jette dans ses bras) J’ai peur, Kémi.

(On entend une légère bise)

Lui – Clara, tu ne sens rien ?

Elle – Quoi ?

Lui – Un souffle.

Elle – Non.

Lui – Je t’assure. Je sens un souffle.

Elle –

Lui (s’adressant au public) Vous êtes là ? (un temps) Vous êtes là ? Par pitié, si vous êtes là, soufflez ! Soufflez !

(La bise se fait plus forte. Le vent souffle sur la scène, le linge flotte sur le fil)

Elle – Ca marche, Kémi ! Ca marche ! (s’adressant au public) Soufflez ! Soufflez ! Plus fort !

Eux (criant) Soufflez encore ! Plus fort !

(Ils roulent au sol, projetés par la tempête. Dans le mouvement, ils se retrouvent debout, tous les deux. Il tient l’épuisette à bout de bras, fait quelques pas. Le vent se calme lentement. Ils sont dos au public. Ils se regardent l’un l’autre. Le vent cesse. Ils rient et sortent de scène.)

Elle (Off)Tu vois, Kémi, pour marcher, il suffit de récolter la tempête.

(NOIR)

“Si tu as mal aux pieds, regarde d’où tu viens ” par Lucie

Elle enlaçait les dunes une à une. Telle un serpent, Elle se resserait autour de chaque mont, provoquant leur étranglement puis, invariablement, les libérait dans un souffle d’air chaud et de poussière.

Enfant, j’étais sur le dos de cette bête longue et sinueuse. Emmaillotté contre le dos de ma mère, je laissais ma tête tomber et danser au rythme de Ses pas.

Au fil des mois, devenu petit garçon, je suivais mon père et appris à dominer la Chose, aveugle et obstinée.
Lors des tempêtes, la fatigue et le sable se mélangeaient dans nos corps et provoquaient de minuscules étincelles orbitales.
Sous l’effet d’une hallucination, mon père se mit à voler autour de nous et disparut sous une patte massive et crochue.
Nouveau chef de la tribu, je dus finir le trajet à pied pour guider mes pairs.

Après plusieurs années de marche initerrompue, nous arrivâmes en terre promise.

“Alors, Jojo, tu comprends bien qu’avec un grand père comme moi comme ancêtre, tu ne peux tout de même pas te permettre de jouer à la chochotte ! Si tu as mal aux pieds, regarde d’où tu viens !”

Jojo regarda le tableau suspendu dans la chambre de son grand père, s’imagina un instant à la tête de la caravane, traversant les déserts, et jugea avec fierté ses ampoules aux pieds comme les signes d’un héritage de haute valeur. Parole de Quemeneur !

“Qui dort toujours travaille” par Chantal

Toujours: En toute circonstance.

Qui dort toujours travaille…
Le monde ne s’est pas
Créé sans un repos.
Heureux qui comme Hercule
A bien su alterner
Périodes de repos et travaux mythifiés
Ou comme cestuy-là qui Rome construisit
Résistant bravement à cette tentation
De finir son ouvrage en un jour sans sommeil.
Ils nous ont inculqué
La volonté
De bien nous reposer
Pour pouvoir travailler
Toujours
Bien réveillés…

Toujours: Sans fin, sans interruption.

Qui dort toujours travaille
Pourquoi se réveiller ?
Notre vie n’est qu’un songe
Nous allons, nous venons
Nous parlons, travaillons
Dans une vie rêvée,
Éveillés croyons-nous
Mais en fait endormis
D’un sommeil si profond
Que jamais rien, jamais
Ne peut nous réveiller
Ne peut nous empêcher
De travailler
Toujours
Tout endormis…

17 commentaires

  1. Michaël dit :

    Et un nouveau texte, un ! Bravo et merci Lucie…
    N’hésitez pas à réagir aux textes proposés..

  2. Frédérique dit :

    Bravo pour tous vos texte !! C’est marrant comme encore une fois on peut faire des choses aussi différentes à partir d’une même consigne. Chantal, à toi !
    Et si d’autres veulent se joindre à nous, qu’ils n’hésitent pas.

  3. Françoise dit :

    Il y a du Godot dans le texte de Michaël !

  4. Françoise dit :

    et du Chat Botté dans celui de Frédérique !

  5. Françoise dit :

    Vous allez rire mais mon père nous disait “si tu as mal aux pieds, marche sur les mains ! On y perd son latin …

  6. Frédérique dit :

    Bien vu Françoise. Je ne m’en étais pas rendue compte mais j’ai fait lire le chat botté par des CE1 pas plus tard que la semaine dernière…

  7. Frédérique dit :

    Chantal, c’est rassurant ton histoire de travail en dormant. J’essaierai d’y penser au coeur de l’action, entre un paquet de cahiers à corriger, une réunion avec des parents et des gamins à réprimander (Pourquoi as-tu jeté le chausson de Yoann dans les toilettes ? ). Pas sûr que ça marche…