Armorique et bouts d’ficelle

La fureur des livres

Ce billet a été écrit le Mercredi 18 juin 2008 par Françoise qui l'a rangé dans : On se cultive....

C’est comme une drogue, je l’avoue : je suis “accro”. Lors du dernier déménagement, je m’étais promis de ne plus acheter de livres : les bibliothèques sont bien fournies partout et j’ai toujours des livres en attente de lecture sur les rayonnages chez moi. Mais voilà ! Comment expliquer cette incompressible, irrésistible, attirance pour ces petits paquets de feuillets qui, il faut bien le dire, passent le plus clair de leur temps à dormir, alignés comme des petits soldats sur des étagères ?

Objectivement, ils encombrent, ils nécessitent toujours plus de place, ils prennent la poussière et au bout de quelques années sentent parfois le moisi. Ils ne sont pas toujours très beaux. (Il est fréquent que les “beaux livres” soient encore plus assoupis que les autres !) et quand vous déménagez (ce qui m’est arrivé 8 fois), les cartons sont de plus en plus nombreux et lourds.

Et puis quand vous en cherchez un, vous ne le trouvez pas car quelqu’un peut-il révéler “LE” rangement idéal ?

Par auteur ? Mais ils sont alors de tailles différentes et soit, ça ne fait pas joli, soit l’étagère n’est pas adaptée.

Par collection ? Ah oui ! Là c’est joli. Mais vous brouillez les pistes car Bianciotti par exemple, mais c’est le cas de la plupart,on le trouve en Gallimard Imaginaire, et en Folio.

Par thème sélectionné ? C’est déjà un peu mieux mais ça ne vaut pas vraiment pour les romans. Personnellement, j’ai un rayon “bateaux et mer”, un autre ” Bretagne”, bien sûr “poésie”, un autre en langues étrangères à majorité d’anglais. Mais comment faire quand le livre traite à la fois de Bretagne et de poésie ? Qu’il est broché ou relié ? Le seul qui soit “facile” est celui des livres de cuisine et encore ! J’ai un livre de recettes d’Irlande qui est assorti de textes d’écrivains connus (sans doute pour patienter en attendant la cuisson).

Comme je sélectionne, dé-selectionne, re-sélectionne mes “chouchous”, je brouille les pistes sans arrêt. Près de moi, je garde Charles Juliet, l’encyclopédie Bouquins des Langages de l’Humanité, l’Inespéré de René Le Corre (un ami de Brest), Une si longue lettre de Mariama Bâ, 2 ou 3 d’une collection que je viens de découvrir “En attendant le bus” et que je trouve judicieuse et éclectique, la Dame Blanche de Christian Bobin qui évoque Emily Dickinson dans un style bien à lui (et dire que lui aussi a écrit une “Inespérée” !)

Quand j’estime que l’un ou l’autre a stagné trop longtemps, je tente de le replacer parmi ses frères.

Mais vous l’aurez compris, c’est un combat perdu d’avance ! Et c’est devenu pire depuis que j’habite à la campagne. Je m’étais dit, pour me consoler de m’éloigner de “Dialogues”, qu’au moins la tentation serait écartée car s’il existe des petites librairies de grande valeur à Rennes et Nantes, rien n’est comparable au choix et à l’ambiance de Dialogues à Brest.

C’était sans compter Amazon !!! Ils m’adorent maintenant. Dès que je me connecte, ils me proposent un choix, me disent ce que je devrais lire, ce que mes “amis” de lecture ont lu, me disent que par 2 c’est encore mieux! Bref ! Vous aurez compris l’ampleur de ma dépendance et combien toute tentative d’y résister est vouée à l’échec.

Dernière confidence (vous ne le direz à personne) : justement à cause de ces rangements intempestifs et aléatoires, il m’est arrivé plusieurs fois de racheter un livre jusqu’à 3 fois parce que j’avais oublié que je l’avais ou de croire que celui de la bibliothèque était le mien tellement je l’avais adopté !