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A vos pinceaux ! - Les textes
Ce billet a été écrit le Mercredi 20 février 2008 par Michaël qui l'a rangé dans : On écrit.
Suite à l’atelier “A vos pinceaux!” lancé par Lucie, voici les textes colorés désormais en ligne !
Marron, par Françoise
Texte 1
Mon larron d’Inde rentra bredouille et glacé du bois.
Déconfit, il se fit un chocolat chaud.
Mais bientôt lui revint en mémoire l’œil au beurre noir d’Alexis.
Il était chocolat !
Ils s’étaient roulés dans la boue pour une poignée de châtaignes !
Franchement, pas de quoi se faire du mouron.
Texte 2
Dans le petit bois, derrière chez moi, il y a du mouron, des châtaignes et … des chocolats. Partis comme larrons en foire avec mes cousins, nous ne tardâmes pas à déchanter. La pluie des semaines précédentes avait tout noyé sous un lit de boue. Nous commençâmes à nous disputer pour savoir qui avait lancé cette idée, certes, alléchante, mais bien saugrenue, de venir à la cueillette en plein hiver glacé. Le conflit, lui, devint vite très chaud. Il en résultat un œil au beurre noir pour Patrick. Bredouilles et déconfits, nous prîmes le chemin du retour. Nous fûmes accueillis par un énorme : « Quelles dindes vous faites mes pauvres enfants ! »
Noir, par Michaël
Il n’y a plus d’espoir
Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Une force occulte m’en a empêché : quelque chose entre la colère et la haine. Sans cesse les mêmes images se bousculaient dans ma tête : ta petite robe, la voiture rouge, notre périple à travers le Périgord… Une sorte de film de série B avec travelling arrière sur le champ de blé à la fin. Le moins que l’on puisse dir, c’est que cela ne manquait pas d’humour non ?
Allez, je sais bien que je ne gagnerais pas un radis avec une histoire pareille. Si je le voulais vraiment, il faudrait u peu plus de travail, remettre cent fois sur le métier mon ouvrage, m’entêter, m’obstiner. Mais je ne suis pas l’Ad Reinhard des histoires d’amour !
Qu’est-ce que tu crois ? Que je vais faire comme l’autre avec son sourire Colgate et son regard à la James Bond ? Je vois d’ici le tableau : toi, assise sur les marches, le chat sur les genoux, indifférente. Moi, véritable maître es expressionisme, essayant de faire valoir mes arguments à coups de grimaces surjouées.
Non, très peu pour moi ! Je préfère encore vêtir mon sarrau de charretier, passer notre histoire au savon et tourner la page. Cela ne me guérira pas, mais , au moins, ça soulage !
Vert, par Lucie
Antoine rêvassait sur son divan, son livre ouvert sur son torse. Il n’arrivait pas à fixer son attention, les événements de la veille le préoccupaient trop. Il ne savait même plus quel livre il avait attrapé, il vérifia le titre sur la couverture : Green, de Marie D. Ah oui, le titre l’avait attiré, il était posé sur la table basse, sa fille peut-être l’avait laissé là. Antoine avait besoin d’objets de réconfort dans ses moments de flottement, et tout ce qui faisait allusion à la couleur verte y contribuait. Un jour, il avait même visionné 3 fois de suite le film green card juste pour admirer la serre d’Andy Mac Dowell et respirer à plein poumon la chlorophylle qui s’en dégageait.
Tout avait donc commencé la veille, dans l’après-midi, alors qu’il allait ramasser quelques pommes bien mures pour le dessert du soir. Quelques amis écolos devaient venir dîner chez lui pour parler de la protection du lézard ocellé. Le lézard ocellé est le lézard le plus grand de son espèce en France, mais du fait de la réduction de son habitat, on ne le trouve maintenant plus que sur le littoral. Antoine était un militant hors pair et aspirait, avec ses copains, gagner le combat pour les espèces menacées.
Antoine partait donc en direction du verger quand il vit briller sur la pelouse un papier brillant, argenté, type emballage de chewing gum. Ce n’était pas la première fois qu’Antoine trouvait pareil emballage, il pria Saint Etienne pour qu’il lui donne le courage de poursuivre sa lutte. Qui avait donc bien pu oser prendre son jardin pour une poubelle ? Si un Dieu de la nature existait, qu’il l’aide à éradiquer ces abominables pâtes à mâcher !
Le soir venu, les premiers invités arrivèrent, chargés de graines germées et de galettes de légumes. Odette, la dernière recrue, arriva un peu plus tard, une bouteille de soda à la main et servit les convives qui s’agglutinaient autour d’elle. Alors qu’Antoine essayait de réunir tout le monde pour commencer la séance de travail, Odette, contre toute attente, commença à tirer les cartes, remettant le sort du lézard ocellé aux jeux du hasard et du destin. Quel affront ! Antoine n’en croyait pas ses yeux, il pestait contre cette Odette qui était en train d’anéantir plusieurs années de labeur. Les autres convives, eux, avaient l’air ravi, ils se rassemblaient autour d’elle et pariaient sur le sort du lézard ! Odette commença alors un chapitre sur la superstition et tout un tas d’idioties qu’Antoine ne put supporter. Il chercha un moyen de renverser la soirée, produire un électrochoc afin de rassembler ses pairs autour de sa cause … ses pas le dirigèrent machinalement vers le placard de la cuisine, il sortit un étui vert d’une boîte en métal et revint dans le séjour. Il extirpa 3 ou 4 Hollywood de leur emballage et les mastiqua avec rage … au bout d’une minute, il avait obtenu la consistance souhaitée pour souffler une bulle énorme qui explosa bruyamment dans toute la pièce et se colla sur son visage, masquant sa bouche et son nez. Le groupe entier le dévisagea … et Antoine sentit une immense peur grandir en lui.
Rouge, par Chantal
Retour sur l’enfance…
Où sont les plaisirs, les rages, les colères des peaux-rouges tapis derrière les courges et les tomates?
Une rougeole loin de l’école, le plaisir du repos douillet, sans honte aucune?
Gorge rouge comme la braise de l’oiseau qui picore libre sur les briques du mur, goutte de sang dans le lointain?
Et les doux baisers du soleil, qui faisait des bas rouges aux jambes blanches de l’hiver…
Jaune, par Frédérique
L’inspecteur Yale
Quand l’inspecteur Yale se réveilla ce matin-là, c’était l’aube et il vit que la journée serait ensoleillée. Cela le mit de bonne humeur et c’est un homme radieux qui pénétra au commissariat à 9h exactement. Les tâches quotidiennes n’entachèrent pas sa gaité : il consentit à traiter le courrier, poster les lettres et taper les rapports de bonne grâce.
A 10h30, le commissaire lui demanda d’enquêter sur sur la disparition d’un canari rue des tournesols. Il s’y rendit sur le champ et fut reçu dans une petite maison par une petite dame au chignon serré qui lui proposa une tasse de thé au citron. Sur la table était posé un vase rempli de jonquilles. Yale se sentit bien dans cette maison de poupée propre et bien rangée. La vieille dame le fit asseoir et raconta :
“Gertrude avait fini son repas, je lui avait comme tous les soirs percé un oeuf dans une vieille balle de tennis. Puis je suis sortie de la chambre pour aller dans la cuisine faire cuire mes étoiles jaunes des Bahamas, vous connaissez ? J’ai ensuite changé mon maillot pour me préparer à sortir. Quand je suis revenue, Gertrude avait disparu !
- Avez-vous remarqué quelque chose de particulier ?
- Quand je suis entrée dans la chambre, il y avait une odeur particulière, une odeur de safran.
- Quelqu’un a-t-il pu entrer ?
- La fenêtre de la chambre donne sur la rue mais elle est fermée de l’intérieur. Regardez !”
Yale ouvrit la fenêtre et regarda dans la rue. Il vit deux enfants d’environ neuf ou dix ans jouer sur le trottoir. L’un portait un tee-shirt jaune, l’autre un tee-shirt bleu.
“Connaissez-vous ces enfants ?
- Ils jouent souvent ici, je les appelle Petit-bleu et Petit-jaune. Je ne pense pas qu’ils soient capables de faire du mal à un oiseau.
- Bien sûr que non, madame. Le jaune et le bleu n’ont jamais fait que du vert. Par contre, votre canari, je crois savoir où il se trouve.”
Yale se retourna et alla vers la cage dans laquelle il prit la balle de tennis remplie d’un fond de jaune d’oeuf. Il se piqua le doigt et fit couler quelques gouttes de sang sur le jaune d’oeuf. Une odeur de safran se répandit dans la pièce. Les gouttes de sang s’étalèrent puis se mélangèrent à l’oeuf jusqu’à ce qu’on voit un liquide d’un bel orange. Une tache restait jaune au milieu.
“Gertrude !” Cria la vieille dame.
L’oiseau s’ébouriffa, se sécha et retourna sur la balançoire.
“Au revoir, madame, votre thé était délicieux.”
Yale rentra au commissariat. Il fit le procès-verbal de sa visite qu’il intitula : Le mystère de la chambre jaune. Sur la couverture, il colla un post-it :
Affaire colorée réglée lors d’une journée lumineuse.
Alors là, chapeau bien bas!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Je crois, avec ta permission, Frédérique, que je vais l’envoyer à ma copine américaine toujours friande de super(s?) histoires qui font rire, rêver et réfléchir…mais si, mais si! Les petits Américains de San Anselmo, nord de San Francisco, vont, si tu ne dis pas non, pouvoir se régaler!
PS: Il est où, l’indice? "Ce soir", c’est à partir de quelle heure?
Regarde la nouvelle photo.