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Une histoire de poissons…
Ce billet a été écrit le Mardi 1 avril 2008 par Michaël qui l'a rangé dans : On écrit.
Le texte en construction….
J’ai abandonné la pêche le jour où je me suis aperçu qu’en les attrapant, les poissons ne frétillaient pas de joie. Pourtant, la pêche, c’était mon passe-temps favori ! Que dis-je ? Une raison de vivre, mon équilibre, une sorte de philosophie, pour ne pas dire de religion.
Comment cette activité était-elle survenue dans ma vie ? Je ne peux me le rappeler, ça remontait à longtemps. Au sortir de la guerre, la deuxième, il m’avait fallu batailler dur pour me faire une place au soleil du travail, tout était à construire : une famille, une maison où l’abriter, une clientèle, une vie qui permettrait, sinon d’oublier les années noires, du moins de trouver quelque chose qui donnerait du sens à mon passage sur cette bonne vieille terre. Peu de temps donc pour le loisir.
Un jour, peut-être de printemps plus radieux, ou de petite réussite personnelle, le temps avait dû me paraître se dilater et je m’arrangeai un jour de liberté par semaine. Désormais, tous les vendredis j’irai à la pêche quoiqu’il arrive.
Le matériel de base acquis - cannes, fils, bouchons, appât de toutes sortes, allant du chènevis aux asticots précieusement conservés dans leur petite boite ronde au couvercle coulissant – je m’enquis alors de lieux « pêchants ». Je fis d’abord le tour des maisons et des cafés du village pour questionner les hommes, mais tous restaient taiseux … Je décidai alors d’explorer moi-même les berges, marais et lacs alentours. Les premiers vendredi, je découvrais des coins merveilleux, l’émotion me gagne encore quand reviennent en moi les images de ces coins splendides et parfumés. Je n’attrappai alors que très peu de poisson. Je ne me décourageai pas, pourtant il y aurait eu de quoi !
Lorsque je rentrais bredouille ou presque, un concert de remarques familiales m’attendait, jouant des partitions tantôt moqueuses, tantôt soupçonneuses :
« Regardez un peu l’ablette gigantesque qu’il va falloir se partager, et cette pauvre petite brême, vous croyez qu’il y a quelque chose à manger sur les arêtes ? Mais comment as-tu pu passer tant de temps au bout de ta canne pour rapporter cela ? Tu es vraiment allé à la pêche ? » J’appréciais trop la parenthèse de mon vendredi pour renoncer.
Puis ce fut l’heure de la première prise -modeste, mais qui en appelle d’autres plus glorieuses. Mon obstination finit par avoir raison des sarcasmes et je puis dire que j’acquis une certaine réputation dans le village. Les vendredis passaient et je pêchais inlassablement, de façon presque mécanique. Ce que j’allais chercher n’avait rien d’halieutique. Trois heures par semaine, je me retrouvais en tête à tête avec moi-même. Cela dura jusqu’à ce vendredi du mois d’octobre 1986 où mon regard croisa celui d’une truite arc-en-ciel. J’étais parti comme d’habitude aux alentours de 9h, lorsque le café de Marcel ouvre et qu’il dispose les premières tables. Le temps était clément et mon humeur idoine. Je ne pris d’abord que quelques maigres brêmes. Le temps passait mais je faisais fi de mon piteux butin, ayant appris au cours des années le doux métier de la patience. Le temps se couvrait de gros nuages noirs. J’hésitai à rentrer. “Une dernière” me dis-je en lançant ma ligne. Les flots étaient d’un noir opaque et quelques gouttes piquaient la couverture de l’eau. Le bouchon, alors, s’enfonça.
Vous êtes là, sur la berge, fixant la surface de l’eau, ne quittant pas des yeux le signal d’alerte que représente ce petit morceau de plastique plus ou moins renflé, plus ou moins coloré. Seuls les pêcheurs peuvent partager l’intensité de ces moments, la fébrilité de l’attente qui de temps en temps fait place à un certain engourdissement de l’esprit, il faut bien l’avouer. Non, non, on ne dort pas, on ne somnole même pas, on fait corps avec le bouchon qui va, qui vient et dérive au gré du courant. De temps en temps on le ramène, levant un peu la canne qui tirant sur le fil rapproche le dit bouchon lentement de votre champ de vision. Il arrive qu’on en surveille plusieurs à la fois, mais dans ce cas, vous pouvez vous dire que vous avez affaire à un pêcheur de haut vol.
Donc, le bouchon s’enfonça. Tout mon être se tendit alors vers l’événement : J’attendis quelques fractions de seconde qu’il remonte et s’enfonce à nouveau, et là, délicatement et fermement à la fois, je soulevais la canne et dès que je sentis une résistance, je ferrai puis soulevai encore pour sortir la prise. A ma grande stupéfaction, je vis au bout de la ligne, une truite énorme, une de ces belles truites arc en ciel, à vrai dire peu appréciée des pêcheurs de truite fario tant elle est dévastatrice pour cette dernière.
(Arrivé à ce point de mon histoire, je vous dois quelques précisions sur les espèces de truites. La truite arc en ciel a été introduite en Europe alors qu’elle vit à l’état naturel aux Etats-Unis d’Amérique. Normalement elle ne se reproduit pas facilement chez nous. Malheureusement (pour les autres espèces), elle est plus résistante que la fario en particulier et a donc tendance à prendre le dessus. De plus, pour les pêcheurs “sportifs” elle est très attractive parce qu’elle est réputée très combative).
Ma première pensée fut de croire que le soleil de la matinée, contre toute attente, revenu et dégagé des nuages menaçants de l’après midi, me jouait un mauvais tour, soit qu’il m’ait tapé sur la tête un peu fort, soit qu’il faisait miroiter les écailles de façon trompeuse. Je continuai de soutenir fermement ma prise en la laissant tremper un peu dans l’eau, juste à la surface pour la ramener vers moi doucement. La manœuvre me parut durer une éternité. Toute mon énergie se concentra vers les gestes à faire, maintes fois répétés mais toujours aussi fébriles. Enfin, la truite, car il s’agissait bien de cela, arriva sur la berge en frétillant. Elle était vraiment de taille impressionnante. Tous les pêcheurs exagèrent, c’est bien connu, donc si je vous dis qu’elle mesurait au moins 80 cm, vous ne me croirez pas. Elle était superbe. Dorée, irisée, bleutée, orangée, verte et bleue, selon l’angle sous lequel vous la regardiez et celui qu’elle adoptait lors de ses soubresauts. Je ne me lassais pas de la contempler tout en me disant que je devais rêver.
Car, enfin, elle ne s’était même pas débattue ! Sa réputation était mise à mal. Tout à coup, mon regard croisa le sien …
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Ca y est ! Qui veut prendre la suite ?
que va piano va sano ! pour répondre à Frédérique … la pêche est oeuvre de patience et le temps n’y a pas cours, je poursuis
je vais être très franche sur ce coup : merci Wikipedia !!!
et donc suite dans le contact pour Michaël
je viens de m’apercevoir qu’on s’était quitté sur un temps couvert et je parle du soleil !!! je vais m’occuper de ça !
La suite de Françoise a été ajoutée, à qui le tour ?
P.S. : Le formulaire de contact est de nouveau opérationnel !
je suppose qu’on considère que ça peut s’arrêter là, non ? puisque la fin était en quelque sorte annoncée dès le début !
Un nouvel atelier est prêt ! Le temps de préparer les images et c’est parti !